DERNIER VŒU

 

Je demande une mort discrète à ce village,

Puis le silence après mon arrière-saison,

Quand on m'aura porté de ma vieille maison

Jusqu'au lieu du repos, devant un noir feuillage.

 

Loin de me rendre ici quelque vain témoignage,

Amis qui me viendrez, dites une oraison:

Les vents de la forêt massée à l'horizon,

Iront unir au vol des Esprits en voyage.

 

Mon Dieu, voici le soir; plus personne à genoux.

La dernière, il est vrai, ma compagne aux yeux doux.

S'en va, son pas faiblit et sa forme succombe.

 

L'ombre des nuits défait la lueur des couchants:

Un voile symbolique enveloppe la tombe

Du poète sans gloire, endormi sous les champs.

 

Paul HAREL

 

(Dans Paul HAREL (1854-1927) Ses obsèques – Quelques articles nécrologiques – Imprimerie E. LANGLOIS ARGENTAN 1927)